La Fine Fleur

Empreint d’une poésie visuelle et narrative, ce film explore les déboires d’une petite horticultrice face à un géant industriel, tout en chantant la gloire des associations improbables mais fondées sur une véritable entraide et de ceux qui les composent. La Fine Fleur porte bien son nom.

Alors qu’elle est au bord de la faillite, Eve Vernet (Catherine Frot), créatrice de roses ayant connu la gloire, refuse de vendre son exploitation. Sa collaboratrice Véra (Olivia Côte) a alors l’idée de faire appel à trois personnes en réinsertion professionnelle, Fred (Melan Omerta), Samir (Fatsah Bouyahmed) et Nadège (Marie Petiot), bien que celles-ci n’aient jamais œuvré dans l’horticulture. Une complicité va naître de cette union inattendue, qui donnera à Eve les forces nécessaires pour s’opposer à Lamarzelle (Vincent Dedienne), son puissant concurrent.

Les films tout en délicatesse et sans lourdeur comme celui-ci deviennent assez rares pour que cela vaille la peine de les saluer. C’est donc sans bouder son plaisir que l’on se plonge dans cette histoire simple mais divertissante et attendrissante. Il est vrai que La Fine Fleur, avec sa représentation d’une artisane à la tête d’une exploitation familiale se battant contre une grosse entreprise n’accordant de la valeur qu’à l’aspect commercial de la création de fleurs, exhale le bon sentiment, mais on s’y laisse prendre, et cela fait du bien. Certains rebondissements développés dans le premier acte peuvent faire naître le doute (et une certaine crainte) quant à la direction que va adopter la réalisation, qui pourrait paraître un peu trop saugrenue pour convaincre. Heureusement, ces incertitudes sont vite détrompées et le récit trouve aisément son rythme de croisière, les personnages s’étoffant pour passer de potentielles caricatures à des êtres conscients de l’image qu’ils renvoient tout en en jouant et en démontrant diverses facettes.

On ne sera pas trop surpris par la caractérisation de Fred, personnage dur au cœur tendre que la vie n’a pas épargné mais à qui on offre une deuxième chance bien méritée, que d’autres histoires auront déjà eu l’occasion de dépeindre. Ses adorables interactions avec les protagonistes l’entourant et l’alchimie palpable entre les acteurs (tous très bons) nous fait toutefois passer outre cette redite. Ce qui est très original en revanche, c’est tout le contexte du récit. En effet, l’horticulture est une pratique sur laquelle on se penche généralement peu à l’écran et l’exploration de ce métier donne une dimension très intéressante au film, soutenue par la présence presque permanente de roses multicolores, dont on parviendrait presque à percevoir le parfum, idée également abordée de manière très touchante par le biais, justement, du personnage de Fred. Un film qui fait donc du bien aux yeux et au cœur.